Le charme authentique d’une cité préservée

Des remparts qui défient le temps

L’enceinte fortifiée de Moncontour constitue l’un des ensembles défensifs les mieux conservés de Bretagne. Érigés au XIVe siècle, ces remparts s’étendent sur plus de 1,5 kilomètre et culminent par endroits à une quinzaine de mètres de hauteur. Contrairement aux fortifications de Dinan partiellement reconstituées, celles de Moncontour ont traversé les siècles dans leur état d’origine, offrant aux visiteurs une plongée authentique dans l’architecture militaire médiévale.
Six tours de guet ponctuent encore aujourd’hui cette muraille de schiste et de granit. La tour du Gouverneur, haute de 22 mètres, offre depuis son sommet un panorama exceptionnel sur la baie de Saint-Brieuc par temps clair. Ses meurtrières parfaitement conservées témoignent de l’ingéniosité des bâtisseurs du Moyen Âge, qui avaient conçu un système défensif redoutable face aux invasions anglaises.

Une architecture civile remarquable

Au cœur de la cité fortifiée, les demeures patriciennes rivalisent d’élégance avec celles de Dinan. La maison de la Tricoterie, datant du XVIe siècle, présente une façade sculptée d’une finesse remarquable. Ses fenêtres à meneaux et ses lucarnes ouvragées illustrent parfaitement l’art de vivre de la bourgeoisie marchande bretonne de la Renaissance.
Les maisons à pans de bois de la rue des Dames révèlent quant à elles l’influence de l’architecture normande sur cette région frontalière. Leurs encorbellements successifs créent un jeu d’ombres et de lumières qui enchante les photographes et les peintres venus croquer l’atmosphère unique de ces venelles préservées.

Un patrimoine historique exceptionnel

L’église Saint-Mathurin, joyau de l’art gothique breton

Dominant la place centrale de ses flèches élancées, l’église Saint-Mathurin illustre magistralement l’évolution de l’art gothique en Bretagne. Sa construction, étalée sur trois siècles, révèle les influences artistiques successives qui ont marqué la région. Le chœur du XIIIe siècle, d’inspiration cistercienne, contraste harmonieusement avec la nef flamboyante du XVe siècle.
Les vitraux de cette église méritent à eux seuls le détour. Réalisés par des maîtres verriers de Chartres au XVIe siècle, ils racontent l’histoire de saint Mathurin avec une richesse chromatique saisissante. La verrière de la Passion, récemment restaurée, rivalise par sa beauté avec les plus célèbres créations de Sainte-Chapelle.

Les vestiges du château ducal

Peu de visiteurs connaissent l’existence des ruines du château ducal de Moncontour, pourtant témoins de l’importance stratégique de la cité au Moyen Âge. Construite au XIIe siècle par Geoffroy Ier de Penthièvre, cette forteresse contrôlait la route reliant Rennes à Saint-Brieuc. Aujourd’hui, seuls subsistent la tour maîtresse et quelques pans de muraille, mais ces vestiges offrent un point de vue exceptionnel sur la vallée de l’Évron.
Les fouilles archéologiques menées depuis 2015 ont révélé l’existence d’un système défensif complexe, comprenant une basse-cour fortifiée et des jardins suspendus. Ces découvertes confirment le raffinement de la cour ducale bretonne et l’influence artistique des châteaux de la Loire sur l’architecture locale.
“Moncontour représente l’essence même de la Bretagne médiévale, préservée de toute artificialité touristique.” – Jean-Pierre Le Dantec, historien spécialiste de l’architecture bretonne

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Une découverte intimiste loin des foules

Là où Dinan accueille plus de 800 000 visiteurs annuels, Moncontour en reçoit à peine 50 000. Cette différence d’affluence transforme radicalement l’expérience de visite. Flâner dans les ruelles de la cité fortifiée devient un véritable privilège, permettant d’admirer chaque détail architectural sans être bousculé par les groupes de touristes.
Les artisans locaux perpétuent leurs traditions dans la sérénité. L’atelier de poterie de maître Kernéis, installé dans une ancienne maison de tisserand du XVIe siècle, ouvre ses portes aux curieux désireux de découvrir les secrets de la céramique bretonne. Cette proximité avec les métiers d’art traditionnels reste impossible dans les destinations touristiques saturées.

Des prix accessibles pour un patrimoine d’exception

L’absence de pression touristique maintient Moncontour dans une économie locale authentique. Les restaurants proposent une cuisine traditionnelle bretonne à des tarifs raisonnables, loin de l’inflation qui frappe les destinations touristiques majeures. Le célèbre restaurant “Ar Vourc’h”, tenu par la famille Guégan depuis trois générations, sert ses galettes de sarrasin à 8 euros quand les établissements comparables de Dinan les facturent 15 euros.
Cette accessibilité s’étend à l’hébergement. Les chambres d’hôtes aménagées dans les demeures historiques du centre-ville offrent un cadre exceptionnel pour un budget modéré. L’établissement “La Tricoterie”, installé dans un hôtel particulier du XVIe siècle, propose des nuitées à partir de 85 euros, petit-déjeuner compris.

Conseils pratiques pour la découverte

Planifier sa visite optimale

Moncontour se découvre idéalement sur une journée complète, permettant d’explorer minutieusement chaque recoin de la cité fortifiée. L’office de tourisme propose un circuit balisé de 2,5 kilomètres, incluant la montée à la tour du Gouverneur et la visite de l’église Saint-Mathurin. Ce parcours, parfaitement adapté aux familles, offre une immersion progressive dans l’histoire de la cité.
La période optimale s’étend de mai à septembre, avec une préférence marquée pour les mois de juin et juillet. Durant cette période, les jardins médiévaux de la cité dévoilent leurs plus beaux atours, et les animations estivales rythment agréablement la découverte. Le festival “Médiévales de Moncontour”, organisé chaque première quinzaine de juillet, reconstitue fidèlement la vie quotidienne du XIVe siècle.

Les incontournables à ne pas manquer

Trois sites méritent une attention particulière lors de votre séjour. La promenade des remparts constitue l’activité phare, offrant une perspective unique sur l’architecture défensive et les paysages environnants. Cette balade de 45 minutes révèle progressivement tous les secrets de la fortification médiévale.
L’atelier du vitrail, installé dans l’ancienne chapelle des Augustins, propose des démonstrations fascinantes de cet art millénaire. Maître Corvaisier, formé dans les ateliers de Chartres, perpétue les techniques traditionnelles et initie les visiteurs aux mystères de la coloration du verre.
Enfin, les jardins suspendus du château offrent un havre de paix exceptionnel. Ces terrasses cultivées selon les méthodes du Moyen Âge rassemblent plus de 150 variétés de plantes médicinales et aromatiques utilisées par les moines et les apothicaires d’antan.

Gastronomie locale et spécialités régionales

La table bretonne révèle toute sa richesse dans les établissements authentiques de Moncontour. La brasserie artisanale “Cervoise de Penthièvre” produit une bière blonde aux arômes de miel, brassée selon une recette médiévale retrouvée dans les archives de l’abbaye de Beaulieu. Cette boisson, servie dans les tavernes locales, accompagne parfaitement les spécialités marines de la région.
Les pâtisseries traditionnelles méritent également le détour. La “galette de Moncontour”, enrichie au beurre salé et aux amandes, constitue la spécialité incontournable de la cité. Cette gourmandise, préparée selon une recette gardée secrète depuis le XVIIe siècle, se déguste idéalement avec un cidre fermier de la vallée de l’Évron.

Activités complémentaires dans les environs

Les amateurs de randonnée découvriront avec bonheur le sentier côtier GR34 qui relie Moncontour à la baie de Saint-Brieuc en 18 kilomètres. Ce parcours révèle progressivement les paysages contrastés des Côtes-d’Armor, alternant landes de bruyère, vallées encaissées et panoramas maritimes grandioses.
La réserve naturelle des Sept-Îles, accessible en une heure de route, complète parfaitement la découverte culturelle par une immersion dans la nature bretonne préservée. Ce sanctuaire ornithologique abrite la plus importante colonie de fous de Bassan de France, offrant un spectacle naturel saisissant aux amoureux de la faune sauvage.
Pour les passionnés d’architecture, la chapelle de Kermaria-an-Isquit mérite un détour de quinze kilomètres. Cet édifice gothique du XVe siècle abrite une “Danse macabre” peinte remarquablement conservée, témoignage unique de l’art populaire breton de la fin du Moyen Âge.